Christopher Smith : Trans Ecrins 2019, courir au Paradis

5h50, top départ dans dix minutes, on s’installe sur la ligne de départ. Le speaker commence son briefing : attention, canicule annoncée, parcours un peu rallongé … bizarre, je n’ai aucun stress … et pourtant, c’est la première fois que je me lance sur une course aussi longue : 58 km, 3 350 mD+, c’est la Trans Ecrins dont je rêve depuis des mois. L’effet d’une bonne préparation (merci merci merci coach Maïté), d’une prise de recul (le plus gros risque, après tout, c’est de ne pas terminer la course, hein), l’anticipation d’une belle journée en montagne dans un décor de rêve ? Un peu de tout sûrement …

Pam, c’est parti !! Ca descend doucement, c’est cool pour s’échauffer (ben oui, le truc bien avec les courses longues, c’est qu’on échappe à l’échauffement) … bon, ça ne dure pas, bien sûr, on attaque bien vite les chemins : ça tombe bien, c’est pour ça qu’on est venus. Très vite, un petit 1000 mD+ pour se mettre en jambes, ne pas forcer, la course n’est pas finie. On arrive sur le plateau d’Oréac, au-dessus de la station de ski de Puy Saint Vincent … le soleil finit de se lever et c’est trop beau, cette vue sur le massif des Ecrins !! Les prairies sont pleines de fleurs, les chemins sont tout doux, la terre est meuble, un plaisir de courir, même en descente (même pour moi, c’est dire !!) … une belle descente dans la forêt et on passe la ligne d’arrivée à Vallouise une première fois. 3h30, c’est à peu près ce à quoi je m’attendais, tout va bien !

Bon, j’ai regardé le parcours : maintenant, c’est la grosse montée vers le col de la Trancoulette, 1600 mD+ sur 8 km, tout au soleil !! Mon choix : monter lentement, et ne pas m’arrêter ! Au début, plusieurs personnes me doublent, allez-y les gars, pas de problème !! Et puis au fil de la montée, petit à petit, plein de gens s’arrêtent, font des pauses … et je continue, et je dépasse, et je dépasse. La chaleur ne me gêne pas, tout va bien … 32ème kilomètre, c’est le col, environ 6 heures de course, ça va pas mal. Un petit truc à manger (hummmm, le gel pâtes sauce tomate de chez Overstim’s). Un grand névé à descendre une bonne partie sur les fesses, et on redescend sur l’autre versant. Toujours joli, ça se court, doucement hein … reste quand même une dernière grosse montée !

Une petite pause à la cabane de la réserve naturelle des Partias : un vrai petit coin de paradis, une prairie magnifique avec des sommets enneigés tout autour, toujours des paysages de rêve. Allez, zou c’est parti pour la dernière montée : 600 mD+, pas le choix si on veut regagner la vallée. Je surveille plus le D+ que la distance, c’est un peu pas à pas quand même, la fatigue commence à me gagner, les crampes ne sont pas très loin à la fin de la montée ! 42,2 km, plus longue distance en course dépassée, une petite pensée par Sam et Christophe, nos marathoniens … et c’est le sommet : il n’y a plus qu’à descendre, c’est in ze pocket !! 8h20 de course, reste 16 km de descente, les 10h / 10h30 auxquels je pense restent possibles …

Aïe !! Dès que la descente commence, mal partout et surtout impossible de plier le genou ! J’ai beau essayer, faire du fractionné (30 secondes de marche, 30 de course), rien n’y fait, l va falloir marcher !! Et les coureurs valides commencent à me dépasser les uns après les autres, il y en aura au moins 30, peut-être plus d’ici à l’arrivée. Entre parenthèses, je trouve parfaitement injuste de dépasser dans les descentes et pas du tout fair play !! A chacun qui passe, j’ai plus les boules : des gens que j’ai parfois doublés à Vallouise il y a plus de 5 heures … ça donne l’impression de ne pas en finir, je compte les kilomètres qui passent si lentement (11 minutes / km sur une descente roulante, ça doit être un record !!). Après un très long moment, l’arrivée est là, après plus de 11h30 … un peu mal aux jambes, mais du coup je ne me sens quasiment pas fatigué, je pourrais continuer !! Qu’est-ce qu’elle va être bonne, la bière, ce soir !!

Au bilan, un peu rageant de ne pas avoir pu finir normalement, mais quand même 1) j’ai fini la course 2) je ne suis pas trop fatigué et je pourrais continuer 3) les paysages sont éblouissants, magiques et surtout 4) j’ai la chance d’avoir la santé qui me permet de faire ce genre de journée : tellement n’en ont pas la possibilité !!

Et pour les copains de CA2S : un endroit magique, des courses de tous les formats, à découvrir ensemble un de ces jours, absolument !!

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