MIUT 62, simply the best

Samedi 22 avril 2023, Boaventura, 7h15. Il n’y a plus de stress, c’est fini. La peur de la blessure sur les dernières sorties, l’angoisse de l’imprévu qui m’empêche une nouvelle fois de prendre ce départ de course que j’attends depuis plus de trois ans, tout a disparu. Je ne pense plus qu’au moment présent, je papote avec des polonais, des français, des allemands, des anglais, tous ces coureurs venus d’un peu partout pour la grande fête du trail à Madère, c’est cool … Corinne m’a accompagné au départ du bus, on devrait se voir d’ici quelques heures.

8h, c’est parti !! Quelques centaines de mètres sur la route et on attaque les premiers chemins pavés en descente. Là, je me souviens de ce que disait Thierry, le premier qui m’a fait rêver de Madère et je me dis que ce n’est pas fini … pas grave, on va gérer !

Km 6, Lombo do Urzal. On a déjà fait 500 mD+, j’étais trop décontracté, j’ai géré comme un âne : parti avec une veste par peur du froid en altitude dans 3 heures alors qu’il fait super bon, j’ai pris un litre d’eau pour 1h15, c’est trop … je galère à prendre les bâtons, bon, pas grave, j’ai perdu un peu de temps mais si je jouais la victoire, ça se saurait, hein …

Km 6 à Km 17. Montée au Pico Ruivo. 1500 mD+ sur 10 km, ça pique un peu mais allons-y sur les superlatifs, c’est le plus beau single track que j’aie vu. Ca serpente dans une forêt luxuriante, avec des paysages hyper découpés genre île de la Réunion. Du bonheur plein les yeux, ça justifie tous les moments d’attente, toutes les semaines d’entraînement. Arrivé au sommet, trop trop heureux, je fais quelque chose que je n’avais jamais fait auparavant : je prends des photos et j’envoie des messages à quelques proches. Bon, j’ai un peu reçu dans la montée mais je suis en avance sur mes temps prévisionnels (3h45 au sommet), tout va bien !

Km 17 à Km 22. Pico Ruivo – Pico de Areiro. Etait-ce possible de faite plus beau que la section d’avant ? Ben oui … un paysage complètement fou, avec une succession d’escaliers et de marches hyper raides à la montée et à la descente, des tunnels, des à-pics vertigineux … C’est indescriptible, il faut avoir vu ça une fois dans sa vie. Comme c’est accessible en voiture, c’est plein de touristes, un sacré contraste ! Marrant, on pourrait penser qu’on les embête, mais non : ils se poussent, ils nous encouragent dans toutes les langues, ça ajoute au plaisir, c’est chouette !

Km 22. Pico de Areiro. On a fait 2500 mD+, je me prends un bon gros coup de barre et un petit coup au moral car il reste quand même un marathon à se taper et vu que ça descend, on est supposés courir. J’ai bien dit supposés hein … bref c’est parti pour la descente !

C’est toujours magnifique, dans un autre registre : des levadas, une grande forêt, une descente assez douce mais difficile : beaucoup de pavés, de rondins, de petites relances, de single tracks assez creusés … bref, impossible de se laisser aller, il faut rester focus. Petit coup de déshydratation, problème pour ranger les bâtons, souci d’alimentation car il n’y a pas de salé froid aux ravitos et c’est ce dont j’ai envie sur une course longue … bon, bref, je suis dans le dur, je m’énerve, je perds plus d’une heure sur mes prévisions sur un seul segment !

Km 38. Portela. Enfin le ravito, je l’ai attendu celui-là !! Trop content, je retrouve Corinne, ça fait du bien au moral ! En plus, il lui reste un peu de salami de son pique-nique, miam, miam du salé … un bénévole nous reproche un ravitaillement « hors zone », je râle, je ne suis pas dans la tête de course, ça se saurait !! Bon, on fait 100 mètres ensemble, on se cache un peu et je récupère le salami, ouf !! Je me demande entre ma fille et le salami ce qui m’a fait le plus plaisir … ne lis pas ce passage, Corinne !

Abominable descente vers Porto Da Cruz. Que des escaliers et des rondins, dont bien sûr la taille ne correspond pas à ma foulée … ils exagèrent, ces Madériens quand même ! Mais bon, le moral est meilleur, il y a une portion de route en descente, ça ça me convient, je cours et je double quelques coureurs, le moral remonte !!

Km 44. Porto Da Cruz. In ze pocket, ça va le faire, c’est sûr maintenant !! il reste 450 mD+, mais ça ne me fait pas peur, je m’arrête à peine au ravito, ça va easy ! Ca monte bien, je double encore, puis un long chemin en surplomb au-dessus de la mer ! C’est encore magnifique, splendide, une vue de folie !! Fatigué, j’ai du mal à courir même sur le plat : je le sais, c’est un de mes points faibles, courir sur du plat après plus de 10 heures … va falloir bosser un peu avec l’aide de coach Maïté !!

Km 60, deux heures plus tard. On entend au loin le bruit du speaker et de la zone d’arrivée, ça vous parle, ce moment, les Runners ? Quoi dire, sinon profiter du moment …

Dernière descente. Là, ça va … je double 5 coureurs que j’avais gardés en ligne de mire depuis quelques kilomètres. Je me souviens de la petite passerelle au-dessus de la rivière qui monte à 200 mètres de l’arrivée et de notre discussion avec Corinne il y a deux jours : « et là, tu vas courir, Papa » ? « Ben oui, bien sûr, quelle question, ma Grande » … en serrant un peu les dents quand même hein !

Km 62. Arrivée. Trop, trop content ! Bon le temps n’est pas ce que j’imaginais (11h40 alors que j’espérais aux alentours de 10 heures), mais bon, je découvre plus tard que je suis en milieu de classement, ce qui pour moi sur ces distances n’est pas si mal finalement. Et puis, la course longue, c’est une aventure avec soi-même avant tout …

Dimanche 23 avril, 9h. On s’est encore levés à 5h30 pour aller rendre la voiture à l’aéroport, rejoindre le groupe pour le Trek à l’autre bout de l’île. Au bout de ma vie sur la première journée, mais ça va mieux progressivement et maintenant il est temps de profiter cool cool de Madère ! Autre ambiance, c’est les vacances, en famille, le groupe est bien sympa, trop cool …

Au final, une course absolument, extraordinairement magnifique, dans des paysages de folie !! A faire une fois, ma préférée sur cette distance !!

Et comme je vous aime bien, je vous partage quelques photos de Madère prises pour l’essentiel pendant la rando d’après-course … et pour ceux qui envisageraient d’aller là-bas, à votre disposition pour en parler !!